‹ Lancé le premier jour des Journées européennes du patrimoine, le festival La Chambre verte est né d’une volonté commune de madame la Maire d’Auteuil-sur-Oise et de passionnés d’art et de nature. Il décline des propositions variées autour des cinq sens.
Au cœur de l’Oise, ce festival « au vert » apporte une dimension originale du divertissement entrecroisant les sens, l’art et les gens dans une démarche participative. › (culture.gouv.fr)‹ Le changement le plus important en typographie s’est produit au XVe siècle. […] Selon moi, il est incroyable que, au cours du même siècle et en si peu de temps, une évolution se soit produite du strict gothique au romain moderne. Cela est toujours resté un mystère pour moi. › (Adrian Frutiger)
‹ Gotico-Antiqua, Proto-Romain, Hybride. Caractères du XVe siècle entre gothique et romain [est] un programme de recherche [de] l’Atelier national de recherche typographique (ANRT) qui examine la période historique de 1459-1482. Le colloque a pour objectif de réunir des chercheurs dans le domaine de la typographie, de la paléographie et de l’histoire du livre, en mettant l’accent sur les caractères et les formes de lettres. Cette période relativement peu étudiée – après Gutenberg et avant la stabilisation du modèle de Jenson – s’étend des premières traces de tendances humanistiques aux romains « purs », en passant par de nombreux cas de dessins incertains, hybridations volontaires et formes proto ou archaïques du romain. En 1459 à Mayence, Johann Fust et Peter Schöffer ont imprimé le Rationale Divinorum Officiorum de Guillaume Durand, utilisant un caractère typographique (connu aujourd’hui en tant que « Durandus ») qui ne ressemblait à aucun autre caractère antérieur. De là, nous pouvons suivre une grande variété de développements, en partie relative aux voyages des premiers imprimeurs de la région du Rhin vers l’Italie et la France. Par extension, nous nous intéressons également au mouvement des presses privées initié par William Morris et Emery Walker à la fin du XIXe siècle en Angleterre. Ce mouvement a redonné vie à certains de ces caractères avant qu’ils ne retombent dans l’oubli.
Parallèlement aux recherches historiques, Rafael Ribas et Alexis Faudot […] ont produit quinze fontes et un ensemble de lettres initiales. Fondés sur une série d’ateliers menés entre 2015 et 2018 dans des écoles d’art et de design en France et en Allemagne, réunissant plus de 150 étudiants, les polices de caractères numériques sont le résultat d’une analyse approfondie et d’une refonte des originaux. Les polices de caractères sont publiées sous licence Open Source. Disponibles en téléchargement sur ce site Web, les polices sont utilisables à des fins commerciales et la modification des fichiers est autorisée sous la même licence. › (gotico-antiqua.anrt-nancy.fr)‘Who goes there? It’s the ghost of October
Summer’s over, now I’m goin’ nowhere’
(Bladee)
‘Please stop hurting me, I need surgery
Need a Burberry for my lil’ fairy’
(Bladee)
‹ RIP comme Résistance Intemporelle Poétique ? Non, pas vraiment : cela aurait un peu sonné « old school »… C’est avec la volonté que « littérature et poésie rippent politique » qu’Antoine Dufeu et Frank Smith ont lancé cet objet littéraire bien conçu dont le support est mixte (parution annuelle en papier, puis sur le site).
Rien d’étonnant, donc, à ce que l’édito de Michel Butel figurant sur le rabat de couverture s’interroge sur notre situation tragique. À la question du « que faire ? », il répond : « penser chaque question (politique) dans le seul souci de mieux définir l’impossible en elle – la zone de non-réponse ? ». Pour lui, en ces temps de déréliction, nous devons exiger rien moins que l’impossible. Contre les catastrophes en tous genres et les flux homogénéisants, l’écriture comme mise à l’épreuve. Contre la pathologie des discours ambiants, la critique du langage et le délire créateur. Un passage éclaire le projet de la revue : « la clinique est presque congénitalement liée au geste critique. En faisant exploser la langue, les moyens classiques du Sens, la Raison s’effondre et par conséquent la création d’une forme inédite induit un vertige éprouvé par tous les grands auteurs. On est d’ailleurs nécessairement grand lorsqu’on adopte une posture critique, une position qui sort la tête de la boue » (Jean-Clet Martin). Ses cibles majeures : l’antihumanisme et l’« intellectuel grossier ».
Ira-t-on jusqu’à parler de « stupide XXIe siècle » ? Ce siècle dont on trouve un « bref résumé » : « au début du XXIe siècle, armée jusqu’aux dents, l’humanité était entièrement désarmée devant sa propre évolution » (Pavel Hak). La bonne nouvelle est que le progrès technoscientifique n’a pas tué la poésie, qui aspire et inspire le monde : « tout est à réinventer » (préambule). Quand il y a urgence, la poésie préfère Eros à Thanatos.
La fragmentation des textes non signés – dans lesquels on navigue grâce à une architectonique subtile (à chaque numéro correspond un auteur selon un tableau de concordance) – est expliquée dans le préambule : « la littérature a valeur d’expérimentation, d’acte de création • pliage d’un texte sur l’autre »… Car « c’est à plusieurs que s’écrit le moindre poème » (cf. exergue)… Les jeux graphiques nous font tourner le livre en tous sens, nous forçant littéralement à renoncer à tous sens préétablis. Entre vers et prose, minuscules et majuscules, français et anglais ; de Maxime Actis à Cécile Wajsbrot, en passant par Amandine André, Michel Butel, Stéphane Bouquet, Jean-Philippe Cazier, Hélène Cixous, Claro, Pavel Hak, Alain Jugnon, Jean-Clet Martin, ou encore Fabien Vallos, ainsi déambule notre lecture nomade.
En ces temps tragiques, voici une revue qui donne à penser de façon stimulante – avec Deleuze en toile de fond, mais pas seulement. › (Fabrice Thumerel, entrevues.org)
‹ Depuis 10 ans, le Printemps de la typographie, c’est un cycle de conférences avec les spécialistes les plus pointus dans le domaine de la typographie. Grand moment de rencontre entre les étudiants et les professionnels, c’est un événement fondateur pour les étudiants qui est porté grâce à un partenariat avec l’Institut national du Patrimoine qui héberge les conférences dans son amphithéâtre de la galerie Vivienne. ›
(école Estienne)
‹ L’édition 2016 du Printemps de la typographie se propose de voir le blanc dans l’écriture et alentour. Voir le blanc, c’est l’expédient commode pour ouvrir le champ de la langue à un espace qui ne lui est pas d’emblée familier : l’espace précisément. En l’occurrence, plus prosaïquement, l’espace matériel d’un support. Voir le blanc dans ces conditions, c’est une façon de soustraire la conscience humaine à la mainmise autoritaire, transmise de génération en génération, de la langue sur l’écriture. Le blanc s’affiche, tel un préalable riche d’avenir. Si l’on considère en effet qu’il est là de toutes les façons, avant toute intervention de la part d’un scripteur, auteur, typographe, graphiste, il a la capacité de produire une prise de conscience chez ce scripteur, tout comme ensuite chez son récepteur d’ailleurs, pour peu qu’ils le laissent œuvrer dans toute sa mesure. À la façon d’une promesse, il incarne une forme généreuse de pérennité tangible, celle de la matérialité du support de l’écriture ainsi que de la distribution spatiale de ses paramètres. Voir le blanc, c’est ainsi l’occasion de vivre une sorte d’épiphanie concrète de l’extraordinaire comme de l’ordinaire, au cours de laquelle tout élément fait événement. Voir le blanc, c’est aussi pour nous, bien sûr, nous offrir les moyens de faire advenir le règne de la discontinuité et de l’intervalle. Générateur de constellations, de liens, d’enchaînements, de sauts, de jonctions, de saisies globales ou partielles d’unités, de segments, de blocs, le blanc figure une épaisseur conceptuelle qui sans cesse interpelle le regard. Voir le blanc, c’est nous permettre enfin d’appréhender et d’interroger en même temps un dispositif souvent complexe d’éléments hétérogènes dont l’agencement spatial paraît presque naturel aux contemporains alors qu’il est en réalité le fruit d’un savoir-faire ancestral, d’une maîtrise professionnelle longue à acquérir et dont le propre est parfois de sembler vouloir disparaître dans l’accomplissement réussi de son exercice. ›
(Philippe Buschinger)
Organisation: Philippe Buschinger, Franck Jalleau et Raphaël Lefeuvre
Conférenciers: Sébastien Pluot, Yolaine Escande, Claire Bustarret, Sandrine Nugue, Fred Smeijers, Martin Violette, Marc Smith, Anne Zali et Emmanuël Souchier, DSAA Design typographique de l’école Estienne, Céline Jobard et Philippe Millot