Rafael Ribas       
design graphique et typographique
        
info@rafaelribas.com
      
ig
Information

Kazy Lambist,Twitch, titres et crédits, vfx Hugo Jean, octobre 2020
   
Tourné en février 2020 dans le parc national de Joshua Tree en Californie, Twitch de Kazy Lambist s’inscrit dans le cadre de la promotion de son EP Sky Kiss. Arthur (Kazy Lambist) et Greg (Glasses qui a accompagné Arthur dans la fabrication du morceau), errent dans un désert halluciné, entre désir de liberté et fuite en avant.

Réalisation: Hugo Jean et JC Charavin
Production: Incendie Film
Édition: Wagram Publishing/Mummy Publishing


Estelle Benazet Heugenhauser, Bêcher son visage, 11 × 17 cm, 56 p., impression numérique, livret broché, Auteuil: La Chambre verte, août 2020
   

Lancé le premier jour des Journées européennes du patrimoine, le festival La Chambre verte est né d’une volonté commune de madame la Maire d’Auteuil-sur-Oise et de passionnés d’art et de nature. Il décline des propositions variées autour des cinq sens.

Au cœur de l’Oise, ce festival «au vert» apporte une dimension originale du divertissement entrecroisant les sens, l’art et les gens dans une démarche participative.› (culture.gouv.fr)


Les éditions de la Chambre verte naissent d’un festival où mots, sens, images et rencontres se mêlent inopinément. Les récits en sont les fruits, les traces. Bêcher son visage est le premier roman des éditions de la Chambre verte.

Un endroit retiré de la ville, calme, des jardins arborés, où diverses manifestations littéraires et artistiques autour des cinq sens seraient proposées au public... Des premières conversations avec Géraldine Gomez, des images, nettes et un peu fantasmée, ont émergées. Celles de rendez-vous à l’abri des feuillages, de festivités champêtres, d’un temps suspendu, de moments privilégiés. Quelque chose des folies du XVIIIe siècle. C’est avec la volonté d’engager l’intime et la retenue mais aussi la gaieté et le raffinement que l’identité de cette collection à été dessinée.

Direction éditoriale: Sophie Pépin
Coordination éditoriale: Géraldine Gomez

4e de couverture: Laure Carré, Il fait chaud, 2019,
craie grasse sur calque, 52 × 35 cm
Zozo, un film de John Gray, caractère typographique sur mesure, titres et crédits, novembre 2019
   
Zozo est une jeune américaine qui profite de son séjour à Paris pour faire un shooting photo, dans une grotte où l’eau de la cascade ne coule plus. Avant la séance, elle partage un Coca et une cigarette avec la maquilleuse. Le jeune photographe cherche son cadre et parvient à trouver un angle correct pour capturer son sujet. La jeune fille se sentant prit au piège fuit à la campagne.

La légèreté, l’élégance et la mélancolie qui caractérisent Zozo en personnage principal, ont été les points de départ pour le dessin d’un caractère sur mesure destiné en premier lieu aux titres et crédits du film. Un dessin aux particularités discrètes: un infime contraste plein/délié et des proportions basées sur le canon de la capitale romaine avec une tendance exagérée pour l’ouverture des lettres rondes, qui en laissant entrer le blanc accentuent l’aspect gracile d’un caractère plutôt fluet. Deux corps optiques sont dessinés, un pour les crédits et un pour les titres, plus fin et plus contrasté.
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Gotico-Antiqua, Proto-Romain, Hybride, 15 caractères typographiques (1939 glyphs), design et production avec Alexis Faudot, supervision par Jérôme Knebusch et l’équipe de l’ANRT, 2017–19. Tous les caractères et leurs spécimens sont disponibles ici. Image: Mathieu Husz, La Grant Danse macabre des hommes, Lyon, 1499
   

Le changement le plus important en typographie s’est produit au XVe siècle. […] Selon moi, il est incroyable que, au cours du même siècle et en si peu de temps, une évolution se soit produite du strict gothique au romain moderne. Cela est toujours resté un mystère pour moi.› (Adrian Frutiger)


Gotico-Antiqua, Proto-Romain, Hybride. Caractères du XVe siècle entre gothique et romain [est] un programme de recherche [de] l’Atelier national de recherche typographique (ANRT) qui examine la période historique de 1459-1482. Le colloque a pour objectif de réunir des chercheurs dans le domaine de la typographie, de la paléographie et de l’histoire du livre, en mettant l’accent sur les caractères et les formes de lettres. Cette période relativement peu étudiée – après Gutenberg et avant la stabilisation du modèle de Jenson – s’étend des premières traces de tendances humanistiques aux romains « purs », en passant par de nombreux cas de dessins incertains, hybridations volontaires et formes proto ou archaïques du romain. En 1459 à Mayence, Johann Fust et Peter Schöffer ont imprimé le Rationale Divinorum Officiorum de Guillaume Durand, utilisant un caractère typographique (connu aujourd’hui en tant que «Durandus») qui ne ressemblait à aucun autre caractère antérieur. De là, nous pouvons suivre une grande variété de développements, en partie relative aux voyages des premiers imprimeurs de la région du Rhin vers l’Italie et la France. Par extension, nous nous intéressons également au mouvement des presses privées initié par William Morris et Emery Walker à la fin du XIXe siècle en Angleterre. Ce mouvement a redonné vie à certains de ces caractères avant qu’ils ne retombent dans l’oubli.

Parallèlement aux recherches historiques, Rafael Ribas et Alexis Faudot […] ont produit quinze fontes et un ensemble de lettres initiales. Fondés sur une série d’ateliers menés entre 2015 et 2018 dans des écoles d’art et de design en France et en Allemagne, réunissant plus de 150 étudiants, les polices de caractères numériques sont le résultat d’une analyse approfondie et d’une refonte des originaux. Les polices de caractères sont publiées sous licence Open Source. Disponibles en téléchargement sur ce site Web, les polices sont utilisables à des fins commerciales et la modification des fichiers est autorisée sous la même licence.(gotico-antiqua.anrt-nancy.fr)
Ghost of October, livret broché, 195 × 290 mm, 48 p., impression numérique, direction artistique Elisah Myriam, mai 2018
   

‘Who goes there? It’s the ghost of October
Summer’s over, now I’m goin’ nowhere’
(Bladee)

‘Please stop hurting me, I need surgery
Need a Burberry for my lil’ fairy’
(Bladee)


Méditation photographique sur les troubles émotionnels d’une génération éduquée par la culture de Marché. De la vulnérabilité induite par le manque de repères idéologiques naît la volonté de la part des agents d’augmenter leurs corps, à la fois pour combler un manque et pour se garantir une protection face à un monde sur lequel ils n’ont pas prise. Les images sont mises en regard avec les textes de Benjamin Reichwald (Bladee) et Zak Arogundade Gaterud (Ecco2K).

Direction artistique et photographie: Elisah Myriam
Sculpture: Tristan Bründler
Golgotha Atlas & Axis, caractère typographique (620 glyphs), 2016—
   
Golgotha est inspiré d’un caractère de fantaisie, de la catégorie Gauloises, d’un catalogue de la fonderie G. Renault (Paris, 1883). Modèle ultra-condensé, contrasté et aux empattements particulièrement élancés, il en retire une personnalité indéniablement atypique et spectaculaire, qui le destine avant tout à l’affiche, au titre ou à l’enseigne.

Les proportions du modèle source sont globalement conservées, mais certaines modulations de graisses et la forme des empattements sont radicalisées afin de renforcer un aspect angulaire et tranchant, probablement hérité de l’épigraphie romaine. Des initiales larges sont également ajoutées au jeu de caractère afin de favoriser la mise en exergue par la chasse.

Élancé, acéré, et scintillant, Golgotha dessine un sentiment sombre de fatalité et d’extrême. Ces images passionnées le rapprochent du Romantisme noir, contemporain de son premier dessin, et dont les thématiques ont accompagné cette réhabilitation.
S/O, un film de John Gray, titres & crédits, poster, pochette dvd, février 2019
   
S/O est le portrait de Tober, segmenté en sept jours. À la limite du documentaire, John Gray explore la relation de l’individu au groupe. Les tensions et les hiérarchies mouvantes redéfinissent sans cesse la place de Tober qui alterne entre coup d’éclat et mutisme, entre revendication et introspection.

L’identité graphique est construite autour du sigle S/O, la dualité Tober/groupe est mise en avant par la structure des trois signes (S-/-O). L’image est exclue de la communication, afin de préserver une forme d’anonymat servant la portée structurelle des situations filmées.

RIP ( 1.2 ), un projet initié par Frank Smith et Antoine Dufeu, site web et feuillet, 290 × 380 mm, 4 p., impression offset, CNEAI, Pantin, mai 2018. Disponible sur revuerip.xyz
   
RIP ( 1.2 ) Mayday : Amandine André, Sylvie Boulanger, Jean-Philippe Cazier, Gilles Deleuze, Antoine Dufeu, Christophe Fiat, Maël Guesdon, Marie de Quatrebarbes, Frank Smith, Gertrude Stein, Valentina Traïanova et Fabien Vallos. Mise en page par Rafael Ribas. Dirigée par Antoine Dufeu & Frank Smith. ‘Maybemay’ (8'20) est chanté par Valentina Traïanova. Publiée avec l’aide de la Fondation Michalski.

La revue papier de RIP, .1, se décline en version numérique, sur un site qui articule à la fois une archive des publications parues, et permet de lire la version .2, réplique dérivée de la dernière version physique .1.

Pour cette seconde itération de RIP, les contributeurs réunis au CNEAI, à Pantin, le 5 mai 2018, ont composé un texte collectif à partir d’un extrait de The geographical history of America, de Gertrude Stein (1936). Le texte original, présent en couverture du document édité, est augmenté par réécriture, prélèvement, détournement, dérivation… Le « territoire » du texte de Stein se retrouve ainsi assiégé, pillé, occupé, décimé, par la glose des contributeurs, et piqué d’appels de note renvoyant à leurs contributions.
backyardcorp.cc, site web, novembre 2018
   
Fondé en 2018 par Thomas Galabrou (direction artistique) Hugo Jean (réalisation, vfx), et Rafael Ribas (designer), Backyard produit et réalise du contenu vidéo (film, clips, inserts), live et numérique (modélisation 3D, compositing).
Timothée Joly, La Couleur du Sang, titre & direction artistique, clip, novembre 2018
   
La Couleur du Sang de Timothée Joly est un titre de l’EP INTERNATIONAL : 1 + 138. Première production de Backyard, le clip est réalisé par Hugo Jean, assisté de Thomas Galabrou et Rafael Ribas. La fusion d’images numériques (modélisation et animation 3D) et d’inserts d’images analogiques, sert une narration portée par le souvenir nostalgique d’une relation amoureuse, et revêt un questionnement sur la fragmentation de la réalité.
Appel à candidature de l’ANRT (proposition), poster et carton d’invitation, 800 × 1200 mm / 148 × 210 mm, impression numérique, avril 2018
   
Depuis 1990, l’Atelier National de Création Typographique (devenu en 1994 l’ANRT, Atelier National de Recherche Typographique) communique par le biais d’une affiche annuelle d’appel à candidatures, réalisée par l’un·e des stagiaires-chercheur·euse·s. Tirages sérigraphiques rares, remarquablement imprimés, cet ensemble offre de multiples variations autour de l’identité visuelle de l’ANRT, dessinée par Margaret Gray en 1991.

Investir l’espace de l’affiche comme un terrain mouvant et interactif. L’annonce bilingue de l’appel à candidature est disposée en fond de plan, alignée à gauche pour la version française et à droite pour la version anglaise. Les textes d’information sont superposés à l’annonce sur un nouveau plan, et sont déroulés des mots-clés: Atelier, research, candidatures, call, et de la date. L’affiche est composée en Baskervville – caractère dessiné par la promotion de l’ANRT 2017, peu avant l’activation de l’appel à candidature – et témoigne ainsi d’une partie de l’activité de l’atelier à ce moment-là.

Baskervville est distribué sous licence libre (SIL open license), et disponible ici.


Hermann Melville, Bartleby, the scrivener: A Story of Wall Street / Gilles Deleuze, Bartleby; or, The Formula, livre de poche, 110 × 170 mm, 300 p., impression numérique, septembre 2016
   
Je préfèrerais ne pas (‘I would prefer not to’). Par cette affirmation négative, Bartleby, clerc de notaire qui décide progressivement de refuser toute tâche qui lui est imposée, rompt le processus de travail, et nie l’ordre hiérarchique. Cette abstention, action passive puisque Bartleby continue de se rendre au bureau, est rappelée à chaque fois que la phrase est prononcée. Celle-ci sonne comme un coup de tonnerre, paralyse ses interlocuteurs, et menace de faire imploser tout un système.

Projet auto-initié, cette mise en livre est un hommage à la nouvelle de Herman Melville. La clairvoyance et l’audace de cette nouvelle, qui remet en cause les modalités du travail industriel, rencontre ici les images en forme de compte à rebours de Koyaanisqatsi, film documentaire de Goddfrey Reggio (1982), qui donne à voir les effets de l’hybris de l’homme moderne. À cette rencontre s’ajoute, en appendice, la réflexion de Gilles Deleuze sur la formule si puissante de Bartleby.
T185 Fett, caractère typographique (208 glyphs), 2016—
   
T185 est une tentative de dessiner et d’écrire la ville de Francfort-sur-le-Main dans ses développements les plus modernes. Basé sur une structure orthogonale, plutôt gras, modulaire, T185 s’inscrit dans l’idée d’une identité a posteriori de ce qu’a pu être la ville dans les années 1990, avec l’émergence d’une scène techno féconde, portée par des clubs comme le Dorian Gray puis plus tard par le Robert Johnson. Dans une dimension alternative, T185 aurait pu être utilisé dans le magazine spécialisé phare de l’époque Frontpage (1989–97) à l’esthétique résolument rétrofuturiste.
Opéra Comique et 12 Poems, spécimens et caractères typographiques Golgotha et 대왕 / Le Grand, 420 × 297 mm, 4 p., impression numérique, mars 2018. Disponible sur print.e162.eu
   
E162 est une fonderie, une archive, un showroom, une plateforme pour et par les étudiants du DSAA Design Typographique de l’école Estienne.

Le Diplôme supérieur en art-appliqué en design typographique est une des quatre options de la mention Design graphique proposées par l’école Estienne. Le DSAA Design typographique est un diplôme national de niveau 1 (Master 1). Il est centré sur l’étude et le design des signes typographiques, et de leur usage dans tous les contextes du monde visuel contemporain.

Organisation: E162, Batt Coop
Avec des caractères de Loan Bottex, Quentin Creuzet, Alexandre Debelloir, Antoine Elsensohn, Victor Fonseca, Léo Guibert, Fanny Hamelin, Cécile Legnaghi, Guillaume Letellier, Axel Pelletanche-Thévenart, Samuel Pin, Rafael Ribas, Marc Sacier, Marion Sendral, My-Lan Thuong et Gabriel Vaury.

Sahara Hardcore Vol. 2, couverture numérique, février 2018
   
Pour cette deuxième compilation d’inédits, le label Sahara Hardcore réunit des artistes des scènes émos américaine (Goth Money), londonienne (Bala Club), allemande (Anti-World) et française (Sahara Hardcore).

Édition: Sahara Hardcore Records
Artistes: Black Kray, Lala &ce, Eyedress, Retro X, Lunarios, Timothée Joly, Eric North, Jorrdee, Kaio NW, Terrence 31, Firaasbeats, Faya


한글, les discours d’une écriture, mémoire, 140 × 200 mm, 100 p., impression numérique, mars 2017
   
Grande écriture, unique écriture, écriture correcte, écriture vernaculaire, écriture du pays de Han, écriture de femme, ou écriture d’une matinée, hangul (한글) désigne le système d’écriture coréen promulgué en 1446 par le roi Sejong.

Dès sa naissance le hangul fait discours. On passe rapidement du constat de changement de l’image de la langue coréenne jusqu’alors écrite à l’aide de signes chinois, à des réflexions sur la langue de l’image, de son image, à lui. Vassal, conformiste, démocratique, nationaliste, indépendantiste, traditionnel, spirituel, religieux, philosophique, fonctionnel, pédagogique, avant-gardiste, moderne voire futuriste, l’alphabet coréen est objet d’engagements et de débats parfois mêlés et contradictoires, qu’ils soient politiques ou esthétiques.

RIP ( 1.1 ), un projet initié par Frank Smith et Antoine Dufeu, 180 × 270 mm, 240 p, impression offset, septembre 2016. Disponible sur revuerip.xyz
   
RIP est une revue annuelle critique et clinique de poésie, proposée par Antoine Dufeu & Frank Smith. Chaque numéro de RIP se décline sous la forme d’un ouvrage papier .1, disponible six mois plus tard sous une version numérique « répliquée » .2. La réplique, basée sur une approche de relecture, est entendue ici tel un retour sur l’avant.

RIP ( 1.1 ) Poésie va pas tous mourir : Maxime Actis, Amandine André, Stéphane Bouquet, Michel Butel, Jean-Philippe Cazier, Hélène Cixous, Claro, Claude Closky, Alessandro De Francesco, Fred Dewey, Johan Faerber, Claudine Galéa, Pavel Hak, Alain Jugnon, Frédéric Laé, Guy Lelong, Eric Loret, Jean-Clet Martin, Morad Montazami, Vanessa Place, Julien Serve, Fabien Vallos et Cécile Wajsbrot. Mise en page par Héloïse Laurent et Rafael Ribas. Direction par Antoine Dufeu et Frank Smith. Publiée avec l’aide de la Fondation Michalski.


RIP comme Résistance Intemporelle Poétique ? Non, pas vraiment : cela aurait un peu sonné « old school »… C’est avec la volonté que « littérature et poésie rippent politique » qu’Antoine Dufeu et Frank Smith ont lancé cet objet littéraire bien conçu dont le support est mixte (parution annuelle en papier, puis sur le site).
    Rien d’étonnant, donc, à ce que l’édito de Michel Butel figurant sur le rabat de couverture s’interroge sur notre situation tragique. À la question du « que faire ? », il répond : « penser chaque question (politique) dans le seul souci de mieux définir l’impossible en elle – la zone de non-réponse ? ». Pour lui, en ces temps de déréliction, nous devons exiger rien moins que l’impossible. Contre les catastrophes en tous genres et les flux homogénéisants, l’écriture comme mise à l’épreuve. Contre la pathologie des discours ambiants, la critique du langage et le délire créateur. Un passage éclaire le projet de la revue : « la clinique est presque congénitalement liée au geste critique. En faisant exploser la langue, les moyens classiques du Sens, la Raison s’effondre et par conséquent la création d’une forme inédite induit un vertige éprouvé par tous les grands auteurs. On est d’ailleurs nécessairement grand lorsqu’on adopte une posture critique, une position qui sort la tête de la boue » (Jean-Clet Martin). Ses cibles majeures : l’antihumanisme et l’« intellectuel grossier ».
    Ira-t-on jusqu’à parler de « stupide XXIe siècle » ? Ce siècle dont on trouve un « bref résumé » : « au début du XXIe siècle, armée jusqu’aux dents, l’humanité était entièrement désarmée devant sa propre évolution » (Pavel Hak). La bonne nouvelle est que le progrès technoscientifique n’a pas tué la poésie, qui aspire et inspire le monde : « tout est à réinventer » (préambule). Quand il y a urgence, la poésie préfère Eros à Thanatos.
    La fragmentation des textes non signés – dans lesquels on navigue grâce à une architectonique subtile (à chaque numéro correspond un auteur selon un tableau de concordance) – est expliquée dans le préambule : « la littérature a valeur d’expérimentation, d’acte de création • pliage d’un texte sur l’autre »… Car « c’est à plusieurs que s’écrit le moindre poème » (cf. exergue)… Les jeux graphiques nous font tourner le livre en tous sens, nous forçant littéralement à renoncer à tous sens préétablis. Entre vers et prose, minuscules et majuscules, français et anglais ; de Maxime Actis à Cécile Wajsbrot, en passant par Amandine André, Michel Butel, Stéphane Bouquet, Jean-Philippe Cazier, Hélène Cixous, Claro, Pavel Hak, Alain Jugnon, Jean-Clet Martin, ou encore Fabien Vallos, ainsi déambule notre lecture nomade. En ces temps tragiques, voici une revue qui donne à penser de façon stimulante – avec Deleuze en toile de fond, mais pas seulement. › (Fabrice Thumerel, entrevues.org)



Printemps de la typographie no. 7, poster et programme (proposition), 594 × 841 mm / 148 × 210 mm, impression numérique, mars 2016
   

‹ Depuis 10 ans, le Printemps de la typographie, c’est un cycle de conférences avec les spécialistes les plus pointus dans le domaine de la typographie. Grand moment de rencontre entre les étudiants et les professionnels, c’est un événement fondateur pour les étudiants qui est porté grâce à un partenariat avec l’Institut national du Patrimoine qui héberge les conférences dans son amphithéâtre de la galerie Vivienne.› (école Estienne)


‹ L’édition 2016 du Printemps de la typographie se propose de voir le blanc dans l’écriture et alentour. Voir le blanc, c’est l’expédient commode pour ouvrir le champ de la langue à un espace qui ne lui est pas d’emblée familier : l’espace précisément. En l’occurrence, plus prosaïquement, l’espace matériel d’un support. Voir le blanc dans ces conditions, c’est une façon de soustraire la conscience humaine à la mainmise autoritaire, transmise de génération en génération, de la langue sur l’écriture. Le blanc s’affiche, tel un préalable riche d’avenir. Si l’on considère en effet qu’il est là de toutes les façons, avant toute intervention de la part d’un scripteur, auteur, typographe, graphiste, il a la capacité de produire une prise de conscience chez ce scripteur, tout comme ensuite chez son récepteur d’ailleurs, pour peu qu’ils le laissent œuvrer dans toute sa mesure. À la façon d’une promesse, il incarne une forme généreuse de pérennité tangible, celle de la matérialité du support de l’écriture ainsi que de la distribution spatiale de ses paramètres. Voir le blanc, c’est ainsi l’occasion de vivre une sorte d’épiphanie concrète de l’extraordinaire comme de l’ordinaire, au cours de laquelle tout élément fait événement. Voir le blanc, c’est aussi pour nous, bien sûr, nous offrir les moyens de faire advenir le règne de la discontinuité et de l’intervalle. Générateur de constellations, de liens, d’enchaînements, de sauts, de jonctions, de saisies globales ou partielles d’unités, de segments, de blocs, le blanc figure une épaisseur conceptuelle qui sans cesse interpelle le regard. Voir le blanc, c’est nous permettre enfin d’appréhender et d’interroger en même temps un dispositif souvent complexe d’éléments hétérogènes dont l’agencement spatial paraît presque naturel aux contemporains alors qu’il est en réalité le fruit d’un savoir-faire ancestral, d’une maîtrise professionnelle longue à acquérir et dont le propre est parfois de sembler vouloir disparaître dans l’accomplissement réussi de son exercice. › (Philippe Buschinger)

Organisation: Philippe Buschinger, Franck Jalleau et Raphaël Lefeuvre
Conférenciers: Sébastien Pluot, Yolaine Escande, Claire Bustarret, Sandrine Nugue, Fred Smeijers, Martin Violette, Marc Smith, Anne Zali et Emmanuël Souchier, DSAA Design typographique de l’école Estienne, Céline Jobard et Philippe Millot